Ouvert le 16 octobre 2021, le Congrès constitutif du Parti des Peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), présidé par le Professeur Sébastien Danon Djedjé (ex-ministre sous le régime Gbagbo), s’est achevé ce dimanche 17 octobre 2021, à Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan-Cocody.
Cette seconde journée a été marquée par la lecture du rapport final et surtout la présentation du président du parti, élu la veille par acclamations. L’ex-Président ivoirien Laurent Gbagbo est donc le tout premier président de ce nouveau parti.
Le symbole du parti est les deux mains entrelacées appelant au panafricanisme. Quand la date du 31 mars 2021 marquant le jour de son acquittement de l’ex-président, à la Cour Pénale Internationale (Cpi) a été choisie comme la ” journée de la Liberté” qui sera célébrée chaque année.
Pour son premier discours, en tant que président du Ppa-ci, l’ex-prisonnier de Scheveningen a déclaré à ses partisans : « Nous allons reprendre notre chemin ».
Justifiant ses propos, Laurent Gbagbo a indiqué qu’il a y a des polémiques inutiles, ce qu’il appelle « les grossièretés inutiles ». Morceaux choisis. « Les gens disent, non, Gbagbo ne va plus faire la politique, non Gbagbo va aller s’asseoir au village. Mais lorsque je venais à la politique, est-ce que j’ai leur demandé leur avis ? Même mon père et ma mère, je ne leur pas demandé leur avis; mais pour eux, c’était naturel, puisque c’était eux qui m’ont élevé dans un certain nombre de valeurs », a-t-il dit.
Avant de s’interroger : « Pourquoi je ne vais plus faire de politique ? pourquoi vous voulez maintenant, sur le tas, m’imposer un calendrier politique maintenant que j’ai 76 ans ? Moi Gbgabo. Je ne comprends pas les gens. Ce que vous n’avez pas fait vous voulez le défaire ? ».
Pour l’ex-prisonnier de la Cour pénale internationale (Cpi), c’est se méprendre sur son compte. « L’homme qui est devant vous, vous ne le connaissez même pas et vous voulez lui trouver un calendrier ? Pourquoi ? Est-ce qu’il vous a demandé un calendrier ? Est-ce qu’il a demandé son chemin ? Il ne vous a demandé où est le chemin ? Il ne vous pas demandé où est le chemin de Gagnoa ou est le chemin d’Adzopé, non. Il ne vous a rien demandé », dénonce-t-il
Et Laurent Gbagbo, avec son franc-parler qu’on lui connaît, de lancer: « Où est votre problème ? Il ne vous a rien demandé ». Telle une pierre dans le jardin de ses détracteurs.
Et l’ex-président du Front populaire ivoirien (Fpi) de poursuivre : « Moi, je ferai la politique jusqu’à ma mort. Mais c’est moi et moi-seul qui déciderai sous quelle forme je fais la politique, sous quelle forme je continue mon combat. Ne prenez pas les problèmes des autres, il y a des gens plus vieux que moi qui font la politique », a-t-il clamé sous les vivas des congréssistes.
Pour Laurent Gbagbo, chacun doit s’occuper de ses oignons. « Ce débat là il faut l’arrêter et surtout je ne veux plus que ça arrive à mes oreilles. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas le problème de ceux qui le pose. Ce n’est pas leur affaire. Je suis un être vivant, un être humain et je suis entouré d’autres êtres humains qui sont d’autres camarades et nous sommes dans une entité appelé parti politique, nous prenons nos décisions. Nous pouvons décider ceci ou cela mais ce n’est pas les autres qui, dehors, vont dire il faudrait qu’il aille s’asseoir au village. Vous connaissez mon village ? »
Selon lui, il y a une sorte de provocation. « Il y a même une espèce d’outrecuidance à dire ça, une espèce d’impolitesse à le dire, ce n’est pas normal. Moi je ne suis pas en politique pour arranger certaines personnes ou déranger d’autres. Je mets sur le marché politique mes idées et puis avec mes camarades, nous traitons ces idées là et puis nous en faisons ce que nous voulons », a-il martelé.
Déchu et déporté à la CPI pour être jugé pour crimes contre l’humanité, l’ex-Président ivoirien a été acquitté et est rentré au pays le 17 juin 2021. Il marque ainsi son retour dans l’arène politique en Côte d’Ivoire.
Eugène YAO
