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Général Aboubacar Diakité, Président de la ComNat-ALPC : “le niveau de circulation illicite des armes en Côte d’Ivoire est en baisse constante”

Dans la dynamique du lancement des activités de l’année 2024 de la Commission nationale de lutte contre la prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre (ComNat-ALPC), le Président de cette structure étatique s’est ouvert aux médias.

Nommé le 28 décembre 2023 par décret, l’Inspecteur Général de Police Aboubacar Sidiki Diakité, qui a officiellement pris fonction le 17 janvier 2024, s’est attelé à expliciter les grandes lignes du Plan d’action 2024 de la ComNat-ALPC. Il n’a toutefois pas omis d’évoquer les défis et les opportunités, ainsi que les perspectives, en cette année charnière.

Bonjour Monsieur le Président, pouvez-vous nous faire l’état des lieux de la circulation des armes légères en Côte d’Ivoire ?

A ce jour plusieurs actions de sensibilisation et de renforcement des capacités ont permis de collecter un total de 10778 armes. Nous continuons les sensibilisations en vue du dépôt volontaire pour réduire au mieux la circulation illicite d’armes en Côte d’Ivoire. Je peux vous assurer que le niveau de circulation illicite des armes en Côte d’Ivoire est en baisse constante.

Avant d’aller plus loin, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une arme légère et une arme de petit calibre ?

De façon plus simple et compréhensible, entendez par arme légère une arme portable destinée à être utilisée par plusieurs personnes travaillant en équipe (mitrailleuses lourdes, canons antiaériens portatifs, lance-missiles etc.)

Une arme de petit calibre c’est une arme également portable mais utilisable par une personne (RPG7, mitrailleuse légère, mine antipersonnel, pistolets etc…)

Toutes ces définitions sont issues de la convention de la CEDEAO sur les armes et autres matériels connexes. D’ailleurs, je vous en laisse copie pour mieux documenter vos écrits sur la problématique des ALPC.

Ce point de presse va s’articuler autour de votre Plan d’action 2024. Pouvez-vous nous en donner les grandes lignes ?

Nous allons dans un premier temps travailler à consolider nos acquis à travers la mise en œuvre de notre Plan annuel de travail (PTA) 2024 qui prend en compte tous nos axes d’interventions (la gouvernance locale de sécurité et la réduction de la violence armée, la sécurisation et la gestion des stocks d’armes et de munitions, la sensibilisation, le renforcement du système de contrôle des ALPC aux frontières. Nous avons au total huit (08) axes d’interventions …

Toutefois, cette année nous allons intensifier les activités de sensibilisations auprès des populations, mettre à jour les enquêtes nationales sur la production artisanale d’armes à feu et le désarmement communautaire avec l’Etat et l’appui de nos partenaires.

Relativement aux activités de sensibilisation, à quoi devrions-nous nous attendre tout au long de cette année ?

Nous allons intensifier nos activités de sensibilisation et pour ce faire des actions seront initiées en amont telles que :

La redynamisation de nos structures déconcentrées à travers des ateliers de renforcement de capacités mais également la mise à disposition de moyens conséquents au profit des Commissions déconcentrées pour qu’elles soient plus opérationnelles.

Le redéploiement de nos points focaux et la réactivation de l’observatoire de la violence armée qui est un outil d’alerte précoce dont nous disposons et qui a déjà fait ses preuves.

Les nouvelles menaces, parlons-en. Quelle est la contribution de la ComNat-ALPC dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme ? Avez-vous des activités de sensibilisation spécifiques ? Quelles sont les localités préférentielles pour vos activités de sensibilisations ?

Nous avons abordé lors de plusieurs campagnes de sensibilisation les thématiques sur la problématique des ALPC, la corrélation entre le terrorisme et les ALPC, les Engins Explosifs Improvisés (EEI) dans le Nord et l’Ouest du pays, dans les localités telles que Guiglo, Touba, Bloléquin, Man, Duékoué, Bouna, Nassian, Minignan, Ouangolo, Boundiali, Tengrela …

Nous allons donc poursuivre sur cette lancée mais cette fois-ci en étendant les activités sur l’étendue du territoire national.

S’agissant de la gestion sûre et sécurisée des armes et munitions en Côte d’Ivoire, peut-on dire que les armureries et autres stocks d’armes sont épargnées d’éventuels accidents qui pourraient aboutir à des explosions ?

Le Gouvernement Ivoirien avec l’appui de certains partenaires se donne les moyens afin de pouvoir réduire au maximum tout incident ou accident dans les armureries et autres stocks d’armes et munitions. A ce jour nous avons réhabilité 175 armureries, installé 74 dépôts, 09 containers et 78 Box de sécurisation des armes. Ce sont également des ateliers de renforcement des capacités des gestionnaires des armureries qui sont organisées à l’attention de nos Forces de Défense et de Sécurité pour leur permettre d’être mieux outillées afin de prévenir des risques d’accidents.

Monsieur le Président, quels sont les moyens utilisés par la ComNat-ALPC afin de convaincre toutes personnes au dépôt volontaire des armes ?

D’une part, nous leur rappelons tout simplement qu’elles n’ont pas le droit de détenir illégalement par devers elles une arme à feu car cela constitue une infraction et elles s’exposent à la rigueur de la loi, et d’autre part, nous insistons sur le danger de la détention de ces ALPC chez elles car un accident pourrait survenir à tout moment. Et les accidents de ce genre sont légions. Nous leur disons surtout qu’en déposant une arme, elles contribuent à la paix en général et au développement de leur localité en particulier.

Que reçoivent en retour ces personnes qui acceptent de venir déposer volontairement les armes ?

A ce niveau nous avons trois (03) types de déposants :

Le premier concerne le dépôt volontaire individuel. Ici le déposant bénéficie d’un projet de type individuel qui peut être un kit agricole, une blanchisserie etc….

Le second cas concerne le dépôt volontaire collectif qui donne droit au financement d’une activité génératrice de revenu (AGR) telle que des lavages autos, des quincailleries, des fermes avicoles etc…

Enfin le troisième type concerne le dépôt volontaire en communauté qui est plus étendu car il donne droit à une œuvre communautaire selon les besoins de la communauté concernée tels qu’un centre de santé, des salles de classe, la réhabilitation et/ou la construction d’une infrastructure communautaire, etc.

L’année prochaine, ce sont les élections présidentielles. Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour contribuer à la paix et à la sécurité lors de ces élections ?

Comme à la veille de toute élection, nous allons mener plusieurs activités de communication et de sensibilisation sur le thème central : ELECTIONS SANS VIOLENCES. Nous espérons que nos différents messages seront bien accueillis par toutes et tous pour des élections apaisées.

A titre d’exemple, en 2023 lors des élections couplées (municipales, sénatoriales et régionales), nous avons organisé une grande campagne de sensibilisation.

Elle a été marquée par une cérémonie de lancement officiel présidée par Monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le Général de corps d’armée Vagondo Diomandé. Ensuite, nos équipes ont sillonné le territoire national pour sensibiliser les populations pour des élections apaisées. Enfin, nous avons procédé à l’affichage de plusieurs panneaux de sensibilisation à Abidjan et à l’intérieur du pays.

J’avoue que cette campagne a eu un impact positif sur ces élections.

Vous êtes le quatrième Président de la ComNat-ALPC. A quoi doit-on s’attendre pendant votre mandat ?

J’entends consolider les acquis, poursuivre et achever des chantiers en cours en matière de gestion de la problématique des ALPC, mobiliser auprès des partenaires internationaux des ressources additionnelles (techniques et financières) pour mener à bien nos missions.

J’entends en outre redynamiser la ComNat-ALPC, remobiliser les partenaires nationaux et nos points focaux à l’intérieur du pays et renforcer notre action pour des résultats plus probants sous tous nos axes d’intervention.

Enfin, j’entends accroitre le capital confiance dont bénéficie la ComNat-ALPC afin qu’elle contribue davantage à la sécurité nationale.

Quelle est la suite réservée aux armes collectées ?

Les armes issues des opérations de collectes sont, selon les recommandations de la CEDEAO, destinées à la destruction. Nous disposons à cet effet de machines de destruction.

Face à la menace terroriste, quels sont les moyens de l’Etat de Côte d’Ivoire pour maitriser les flux d’armes aux frontières ?

Au niveau de la ComNat-ALPC, nous envisageons :

– d’accentuer les actions de sensibilisation envers les populations et les communautés aux frontières ;

– de renforcer la collaboration entre les populations et les forces (gouvernance locale de sécurité) ;

– d’organiser des opérations de collectes d’armes aux frontières ;

– de mettre en place des mécanismes de sécurité communautaire transfrontalière ;

– de renforcer les capacités des Forces en matière de contrôle de la circulation des armes et munitions aux frontières;

– de poursuivre le maillage du territoire.

Face aux pillages liés aux mutineries et autres actes de vandalisme sur les magasins d’armes, quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour la sécurisation des armes de nos Forces ?

Dans ce cadre, les mesures suivantes ont été prises :

– le marquage des armes des Forces conformément aux recommandations de la CEDEAO ;

– la construction et/ou réhabilitation de plus de 300 armureries et dépôts de munitions aux normes et standards internationaux au profit des Forces de Défense et Sécurité ;

– la finalisation de l’informatisation de la gestion des armes ;

– la poursuite de la destruction des stocks d’armes obsolètes des Forces.

Quelles sont vos perspectives ?

Poursuivre l’amélioration des infrastructures d’entreposage (ex : réhabilitation et construction d’armureries et soutes à munitions au profit des Forces de Défense et de Sécurité) ;

– poursuivre le désarmement communautaire ;

– marquer les armes détenues légalement par les civils ;

– organiser pour mieux contrôler la production artisanale d’armes conformément à la Convention de la CEDEAO ;

– contrôler les armes des sociétés de sécurité privées.

Votre mot de fin…

D’abord vous remercier pour ce temps d’échanges, et surtout inviter les uns et les autres à accompagner la ComNat-ALPC dans la réalisation de sa mission qui est essentielle pour la paix et la sécurité des biens et des personnes en Côte d’Ivoire ainsi que le développement économique et social.

Recueillis par W.B

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