ContributionCôte d'Ivoire

Pratiques illicites : le député Assalé Tiémoko organise le « combat citoyen» contre les sociétés de téléphonie

«ARTCI, ORANGE, MOOV, MTN, arrangez-vous !»

Ce qui fait la force d’un COMBAT social, c’est la crédibilité et la légitimité de ceux qui le mènent.

Je voudrais remercier tous ces Ivoiriens de tous bords, anonymes comme connus, qui ont décidé de s’indigner par un silence brouissant dans les oreilles de L’ARTCI et des opérateurs de téléphonie mobile, depuis la décision de ces opérateurs, sous inspiration de L’ ARTCI qui s’est voulue plus royaliste que le roi et qui, de ce fait, a mis le feu aux poudres.

Les peuples, des leaders, ne mènent pas tous les combats mais il y’a des matières qui touchent à l’existence intime des peuples avec lesquelles il ne faut pas jouer, car en ce moment, il se trouvera toujours quelques personnes pour dire à ceux qui touchent à ces matières: “non, ce n’est pas juste, vous allez trop loin… ”

Pendant 20 ans, sous le regard passif du ministère de l’éducation nationale, les Coges (comités de gestion des établissements scolaires), ont organisé une véritable chasse à l’argent dans les poches des parents d’élèves et ont fini par être un obstacle à la scolarisation des enfants dans l’école de la République.

Pendant 8 ans, en tant que journaliste, j’ai écrit contre les abus de ces Coges, sans que cela ne change quoi que ce soit à leurs pratiques qui provoquaient pourtant, à chaque rentrée scolaire, des remous dans les établissements publics.

Il a fallu que je m’engage en politique, à la recherche d’un pouvoir de décision, que le peuple de Tiassalé me confie ce pouvoir de décision, pour que je l’utilise immédiatement pour mettre fin aux souffrances des parents d’élèves de Tiassalé en supprimant les cotisations Coges sur tout le territoire de la commune.

Il a fallu cette initiative personnelle en septembre 2020, pour que l’Etat de Côte d’Ivoire, en décembre 2020, décide de supprimer toutes les cotisations Coges sur toute l’étendue du territoire national.

Aujourd’hui, tous les Ivoiriens profitent de cette initiative personnelle.

Quelqu’un m’a demandé hier, pourquoi est-ce que d’autres élus ne me rejoignent pas dans les combats que je mène dans l’intérêt des Ivoiriens ?

Je lui ai répondu que chacun est le fruit de son histoire personnelle et que, de ce fait, chacun sait pourquoi il s’est engagé en politique.

Mon intime conviction est qu’un élu, de surcroît député, n’a pas d’autres justifications que de se battre chaque jour pour amoindrir les souffrances des populations. Je ne connais pas d’autres fonctions à la politique.

En septembre 2022, j’ai lancé une initiative pour amener les sociétés de pompes funèbres à diminuer les coûts de leurs prestations et j’ai décidé de déposer une proposition de loi pour supprimer la TVA sur les conservations de corps dans les morgues.

Cette initiative a déjà permis d’obtenir une réduction de 26 à 36% des facturations quotidiennes du leader du secteur des pompes funèbres , la société “Ivosep”.

Aujourd’hui, en dehors d’Abidjan, les Ivoiriens qui perdent un parent et qui mettent le corps à “Ivosep” dans une ville de l’intérieur du pays, réalisent une économie de 2000 f à 2500 f par jour de conservation.

Si, en plus de cette réduction, la proposition de loi que je déposerai dans quelques jours est votée, les facturations dans les sociétés de pompes funèbres baisseront de 30 à 50% et cela soulagera les parents des défunts.

Dans notre pays, les morts ruinent trop les vivants. Un député doit s’intéresser à ces questions.

C’est depuis 2021, quand j’ai été élu député que j’ai commencé à dénoncer les pratiques mafieuses des sociétés de téléphonie mobile dans notre pays et je pense que sur cette question, les Ivoiriens honnêtes peuvent me reconnaître une certaine légitimité à parler de ces questions.

Le rôle d’un député, c’est, au-delà de voter des lois, de tendre l’oreille pour écouter les gémissements de douleurs du peuple et d’essayer, dans la mesure de ses moyens, de trouver des solutions, de faire des propositions susceptibles de réduire les causes qui provoquent le sanglot du peuple.

Il n’y a rien de plus difficile à supporter pour un élu que les gémissements de douleurs de son peuple.

Depuis 2021, j’écris que les sociétés de téléphonie mobile n’ont jamais respecté l’article 165 de l’ordonnance sur les Télécommunications qui leur fait injonction de ne pas facturer les consommateurs pour des services qu’ils n’ont pas demandés ou consommés.

Y-a-t-il dans ce pays, un seul ivoirien à qui ces opérateurs n’ont pas soutiré, sous des prétextes malhonnêtes, 100 F, 200 F voire plus ?

Que faisons-nous pour mettre fin à ce vol qui rapporte des dizaines de millions chaque jour à ces opérateurs?

Depuis le 6 avril 2023, j’ai décidé et cela avec d’autres Ivoiriens , à la suite des dernières augmentations des tarifs d’accès à internet, dans la droite ligne de ce que j’ai commencé depuis 2021 sous les railleries de certains, de mener un combat plus actif contre les sociétés de téléphonie mobile.

Ce boycott que j’ai appelé à lancer contre ces sociétés, n’est pas seulement pour cette dernière décision mais aussi et surtout, pour l’ensemble de leurs œuvres (vols d’avantages acquis, souscriptions forcées à des produits, publicités intempestives, mauvaise qualité de réseau, facturations dolosives, etc.), contre ceux qui les enrichissent et pour qui, dans ce pays, ils n’ont aucun respect: les consommateurs.

Dans ce combat silencieux qui fait cependant beaucoup de bruits, je n’ai pas oublié L’ARTCI que j’ai appelé à suspendre ces nouveaux tarifs et à rapporter elle-même, sa propre décision.

Le vendredi 7 avril, j’ai échangé à trois reprises avec la directrice générale de L’ARTCI, après avoir échangé avec le président du Conseil de Régulation, lequel Conseil a pris la décision sur la base de laquelle, les opérateurs ont augmenté les tarifs, faisant du coup, de notre pays, l’un des plus chers au monde, en matière d’accès à internet.

Que s’est-il passé ?

La vérité est que L’ARTCI n’intervient pas dans la fixation des prix de détail mais s’occupe essentiellement des prix de gros.

Ce sont les opérateurs eux-mêmes qui, pour s’empêcher les uns les autres de pratiquer des prix trop bas mais cependant profitables aux consommateurs du fait de la concurrence, ont demandé à L’ARTCI de fixer un prix plancher et L’ARTCI, avec leur accord, a fixé ce prix à 1 F/Mo, dans une décision datée de 2020.

Les opérateurs, curieusement, n’ont pas appliqué ce prix parce qu’ils avaient réalisé que cela aurait provoqué un mécontentement général.

Alors que le prix plancher était fixé à 1F/Mo, les opérateurs, entre 2020 et 2022, ont pratiqué un prix moyen de 0,499 F/Mo soit quasiment 500F/giga au lieu de 1000F/giga.

Avec ces prix de moitié en dessous du prix plancher, les opérateurs ont réalisé de confortables profits, de sorte que L’ARTCI n’avait pas à revenir sur cette affaire avec son nouveau prix plancher.

En effet, le 12 janvier 2023, L’ARTCI a, dans une décision, demandé aux opérateurs d’appliquer le prix plancher décidé en 2020, diminué de 0,2 F (quel bonheur), soit 0,8 F/Mo HT, et quasiment 1000F/giga.

En agissant ainsi, L’ARTCI a, non seulement mis à mal le jeu de la concurrence entre les opérateurs, mais en plus elle n’a pris en compte, sur ce point précis, que les intérêts des fournisseurs et des opérateurs, au détriment de ceux des consommateurs.

ce qui pose un problème, au regard de l’article 72 alinéa 17 de l’ordonnance de 2012 sur les télécommunications qui dispose que L’ARTCI a pour mission “de protéger les intérêts des consommateurs, des opérateurs et fournisseurs de services en prenant toutes mesures propres à garantir l’exercice d’une concurrence effective, loyale et durable.”

L’ARTCI doit donc rapporter cette décision au regard du mécontentement général qu’elle provoque dans la population.

Les opérateurs de téléphonie mobile, de leur côté, à partir du moment où ce sont eux qui ont demandé à L’ARTCI d’intervenir sur le prix de détail pour fixer un prix plancher, ils n’étaient pas, sous peine de tomber sous le coup de l’article 72, tenus d’appliquer au-delà de tout bon sens, l’injonction de L’ARTCI parce qu’ils savaient que l’application de ce prix plancher, forcément, allait provoquer des remous.

Mais ils se sont dits, “bof, les Ivoiriens sont habitués à avaler sans se plaindre, des couleuvres. Alors, une de plus ne peut rien changer”.

Et, sous prétexte que L’ARTCI leur a demandé, sous peine de sanctions, de ne plus voler pour revendre des données déjà achetées par les consommateurs, ils ont décidé de diminuer les volumes de data achetés, ce qui, dans les faits est une double augmentation du prix plancher indiqué.

Sauf que tout ce joyeux petit monde qui dort sur des matelas épais de billets de banque (plus de 1000 milliards de Fcfa en 2022), n’a pas suffisamment tendu l’oreille.

Sinon ils se seraient aperçus que l’environnement spatio-temporel est troublé par une fuite de gaz social et que la moindre imprudence comme celle qu’ils viennent de commettre a parfois suffit pour provoquer une explosion prodigieuse dont l’une des conséquences est parfois l’indigestion des gourmands comme les opérateurs de téléphonie mobile en Côte d’Ivoire.

Alors, ARTCI, ORANGE (et surtout toi ORANGE tu gagnerais à faire un peu preuve d’humilité…), MTN, MOOV, arrangez-vous comme vous le voulez mais revenez aux anciens tarifs qui étaient déjà trop élevés comparés à d’autres pays africains.

Parce que cette fois-ci, vous vous en prenez aux Ivoiriens jusque dans leur intimité. Et ça ne sera pas accepté…

Je vous appelle en conséquence et solennellement, à retirer cette décision.

Le boycott continue contre “Orange”, seul, de 12 H à 14 H (Ndlr, le dimanche 09 avril 2023).

ASSALE TIEMOKO ANTOINE

DÉPUTÉ DE LA NATION.

MAIRE DE TIASSALÉ.

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