Société

Justice transitionnelle: 557 000 victimes de la crise de 2010 réclament une indemnisation

« Sur le nombre total des victimes inscrites pour bénéficier d’une indemnisation, la Commission nationale pour la réconciliation (Conariv) a retenu 316 000 victimes et rejetées 557 000 dossiers. Aussi, il n’existe pas de liste de victimes publiée à ce jour, ni de loi donnant une définition claire de qui est victime ou non. Pis, seulement 1,3% soit 4147 victimes ont été indemnisées, selon ma communauté des victimes », a déclaré Mozart Kongoué, directeur exécutif de l’Ong Aide, Assistance et Développement Communautaire de Côte d’Ivoire(Adci). C’était à l’occasion de la 5ème session internationale sur les droits de l’homme qui s’est tenue du 25 au 30 octobre 2021, à Abidjan, autour du thème: « Les défenseurs des droits de l’homme et de justice internationale ». Une initiative de la Fondation Friedrich Naumann, en partenariat avec la Fondation René Cassin et le Conseil national des Droits de l’homme (Cndh).

Pour l’Adc-ci, le processus de justice transitionnelle (JT) en Côte d’Ivoire n’est pas de nature à favoriser la réconciliation des populations. Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier cette position. A savoir, la méfiance des populations, la crise de confiance entre les populations et le système judicaire, la promotion des personnes ayant participé de façon active aux crises à des postes de responsabilité, la non-participation des populations au processus.

Pour l’ADC-CI, l’existence de ces causes entraîne des effets multiples dont le sentiment d’exclusion, la méfiance entre les populations, la fragilisation du tissu social, les conflits intercommunautaires, un contexte sociopolitique tendu avec les violences intercommunautaires survenues dans plusieurs villes du pays (Daoukro, Abidajn, Yamoussoukro, Bonoua,Tiébissou, M’batto) suite à la déclaration de candidature du Président Alassane Ouattara, à l’élection présidentielle de 2020

Pour Me Traoré Drissa, Avocat des victimes, après la crise de 2002, la Côte d’Ivoire a vécu encore une autre grave crise. En 2010 où il y a eu des viols, des assassinats pour lesquels l’on doit avoir un certain regard.  Au sortir de là, un certain nombre d’actions ont été menées qui entrent dans le cadre d’une sortie de crise qui n’entre dans le cadre des mécanismes de justice transitionnelle, notamment la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), présidée par l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny, qui devrait permettre de savoir qu’est ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, les causes et proposer des solutions de sortie de crise. Selon lui, cette commission est née avec ses tares. « Le président de la commission a été nommé avant la création de ladite commission, l’animateur principal était un acteur politique qui est acteur de la crise ivoirienne, les émissions radio-télés n’ont jamais eu lieu, le rapport de cette commission n’a jamais été rendu public, il avait donc une tare congénitale », explique-t-il.

Ensuite, il y a la Commission d’indemnisation des victimes qui n’a pu atteindre les objectifs souhaités alors qu’elle était censée parachever le travail de la CDVR par l’indemnisation des victimes. « Jusqu’à ce jour personne n’est à même de dire où sont les victimes or cette première approche de la vérité devrait permettre à la Côte d’Ivoire de réécrire son histoire, mais que non », dira-t-il.

La justice transitionnelle est un certain nombre de mécanismes qui ont été mis en place par la communauté internationale pour permettre aux pays qui ont traversé de graves crises de gérer l’héritage issu de de la crise, à travers la recherche de la vérité, les poursuites pénales, les réformes institutionnelles et la réparation pour les victimes (droit à la réparation).

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