Présidentielle 2025 : la Societé civile s’inquiète…
Le Consortium des Organisations de la Société Civile pour les Élections en Côte d’Ivoire (Coscel-ci) a publié, ce jeudi 28 novembre 2024, les conclusions de son observation du processus de Révision de la liste électorale (Rle) 2024, qui s’est déroulée du 19 octobre au 17 novembre 2024. C’était au cours d’une conférence de presse à Abidjan-Cocody.
Dans une déclaration lue par Drissa Soulama, président du Foscao-ci et porte-parole pour la circonstance de cette coalition, le Coscel-ci note une faible mobilisation des requérants et d’importants défis liés à l’acquisition des documents administratifs, un constat préoccupant à moins d’un an de la prochaine échéance électorale. Enfin, malgré des progrès, la participation des jeunes et des femmes aux élections demeure insuffisante.
Ces résultats confirment les deux derniers communiqués du Coscel-ci sur la Rle 2024 qui ont pointé du doigt plusieurs défis majeurs affectant le processus. Notamment une faible participation des populations au processus, en grande partie due à un manque d’information, aux coûts indirects liés à l’établissement de certains documents administratifs nécessaires et à des retards dans leur délivrance.
De plus, des problèmes techniques, notamment les dysfonctionnements des tablettes biométriques, ont considérablement ralenti les opérations d’enrôlement. L’application incohérente des règles dans certains centres a également freiné la fluidité du processus. Sur les réseaux sociaux, l’on a constaté une forte polarisation des opinions, avec des critiques sur la gestion de la Cei et des questions de transparence, alimentant ainsi les préoccupations du public.
En attendant la présidentielle de 2025, qui suscite des inquiétudes, on peut dire que cette opération s’est déroulée dans un contexte politique relativement calme. Les fractures héritées des violences post-électorales de 2010, 2015 et 2020 et les divisions au sein des partis politiques continuent de peser sur la scène politique, comme en témoigne l’émergence de nouvelles formations comme le Ppa-ci, le Mgc et le Cojep.
Par ailleurs, la Commission électorale independante (Cei), déjà en proie à une crise de confiance, doit gérer les répercussions des alliances changeantes entre les partis politiques et répondre aux attentes d’un processus transparent. Les nouvelles réformes, telles que l’article 185 nouveau du Code pénal, et le retrait de l’acceptation de compétence à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, suscitent bien des interrogations sur les libertés et droits fondamentaux.
Face à tous ces défis, le Coscel-ci recommande le renforcement de la communication et la sensibilisation des populations sur la gratuité des documents administratifs nécessaires et la localisation des centres d’enrôlement, de s’assurer du fonctionnement adéquat des équipements, notamment des tablettes biométriques, avant leur déploiement, d’étendre la période d’enrôlement pour permettre une couverture plus large et une participation accrue des populations.
Créé en 2023, le Coscel-ci est un regroupement de 6 organisations de la société civile ; l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI), le Comité d’Éthique et de Veille et d’Autorégulation du Code de bonne conduite des organisations de la société civile impliquées dans le processus électoral (CEVA), la Coalition de la Société civile pour la Paix et le développement démocratique en Côte d’Ivoire (Cosopci), le Forum de la Société Civile d’Afrique de l’Ouest – Section Côte d’Ivoire (Foscao-ci), l’Initiative de Dialogue et de Recherche-Action pour la paix (INDIGO Côte d’Ivoire) et l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme (OIDH) qui se sont donné pour mission, grâce à l’appui technique du National Democratic Institute (NDI).
Un projet financé par l’Agence des États-Unis pour le Développement International (Usaid). Qui ont décidé de fédérer leurs actions en vue de contribuer au renforcement du processus démocratique en Côte d’Ivoire
Eugène YAO