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Retard dans les campagnes de vaccination : les pays face au risque de flambées majeures de rougeole

COMMUNIQUE DE PRESSE

Brazzaville, le 22 avril 2021 – Quinze pays africains ont différé leurs campagnes de vaccination contre la rougeole au cours de l’année écoulée afin de concentrer les efforts sur la riposte à la pandémie de COVID-19. Sept de ces pays ont mené à terme leurs campagnes, mais huit autres restent à la traîne et sont de ce fait exposés à des risques de flambées de rougeole de grande ampleur.

À la veille de la célébration de la Semaine africaine de la vaccination, qui est l’occasion d’une campagne annuelle de promotion de l’accès universel aux vaccins d’importance vitale sur le continent, de nouvelles données préliminaires révèlent qu’environ 16,6 millions d’enfants n’ont pas reçu les doses supplémentaires de vaccin contre la rougeole qui auraient dû être administrées en Afrique entre janvier 2020 et avril 2021. Au cours de cette période, huit pays africains ont notifié d’importantes flambées de rougeole qui ont touché des dizaines de milliers de personnes. Ces flambées épidémiques pouvaient être imputées en grande partie à une faible couverture de la vaccination systématique ou aux retards dans les activités de vaccination. En outre, l’efficacité de la surveillance de la rougeole en Afrique est tombée au plus bas niveau en sept ans, jusqu’en 2020, à tel point que seulement 11 pays ont atteint leur objectif.

« Les récentes flambées de rougeole, mais aussi de fièvre jaune, de choléra et de méningite mettent en lumière les lacunes inquiétantes observées en matière de couverture vaccinale et de surveillance de la vaccination en Afrique. Tout en menant la riposte contre la COVID-19, nous devons veiller à ce que nul ne soit gravement exposé aux maladies à prévention vaccinale. J’invite instamment tous les pays à redoubler d’effort dans la fourniture des services de santé essentiels, notamment en ayant recours aux campagnes de vaccination qui permettent de sauver des vies », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique. 

La rougeole est une affection tellement contagieuse que l’on doit atteindre un taux de couverture vaccinale antirougeoleuse de 95 % de la population pour éviter les flambées épidémiques dues à cette maladie. Pourtant, la couverture par la première dose du vaccin à valence rougeole stagne autour de 69 % depuis 2013 dans la Région africaine de l’OMS. En 2019, seulement sept pays de la Région ont atteint un taux de couverture de 95 % par le vaccin à valence rougeole.

Cette faible couverture de la vaccination contre la rougeole révèle une lacune plus profonde, à savoir la stagnation de la vaccination systématique en Afrique, une situation exacerbée par la pandémie de COVID-19 et les restrictions qu’elle entraîne. La majorité des maladies, y compris le tétanos, la diphtérie et la fièvre jaune, doivent faire l’objet d’une couverture vaccinale de 90 % de la population. Or, les taux de couverture en Afrique oscillent entre 70 % et 75 % depuis une décennie.

 Dans la Région africaine, environ neuf millions d’enfants ne reçoivent pas leurs doses de vaccins d’importance vitale chaque année, et un enfant sur cinq n’est toujours pas protégé contre les maladies à prévention vaccinale, qui coûtent la vie à plus de 500 000 enfants âgés de moins de cinq ans en Afrique chaque année. 

Malgré ces difficultés, l’Afrique a été certifiée exempte de poliovirus sauvage en 2020. La vaccination a également un impact bénéfique considérable sur d’autres maladies comme le cancer du col de l’utérus, l’hépatite et la maladie à virus Ebola. Ces dernières années, la Région a accompli des progrès considérables dans la lutte contre la méningite A et de nouveaux vaccins encore sous-utilisés ont été introduits. C’est le cas du vaccin antipneumococcique conjugué, qui est administré dans 40 pays africains. Plus de 116 millions d’enfants ont reçu la troisième dose du vaccin conjugué antipneumococcique entre 2015 et 2019.

Outre l’appui qu’elle fournit dans le cadre du déploiement des vaccins contre la COVID-19, l’OMS œuvre de concert avec les pays africains pour veiller à ce qu’ils puissent transposer à une plus grande échelle la prestation des services de vaccination systématique, afin de combler les lacunes qui ont été créées au début de la pandémie. Cet appui comprend la formulation d’orientations politiques, le renforcement des systèmes de santé, la formation des professionnels de la santé, le renforcement de la surveillance des maladies et l’utilisation des données pour guider l’action, sans oublier l’assistance qui doit être accordée aux campagnes périodiques de vaccination de masse pour lutter contre un éventail de maladies évitables par la vaccination.

« Sur cette base, des mesures intégrées s’avèrent nécessaires pour accroître et élargir l’accès à la vaccination dans le cadre des systèmes de soins de santé primaires. Cette action devrait être soutenue par un personnel qualifié, par des systèmes solides de surveillance et d’information sanitaire, mais aussi par l’encadrement, la gestion et la coordination au niveau national. Nous devons aussi collaborer avec les responsables communautaires et les acteurs influents pour veiller à ce que chacun saisisse la promesse transformatrice et salvatrice que représentent les vaccins », a déclaré Dr Moeti.

L’OMS et les États Membres célébreront la 11Semaine africaine de la vaccination du 24 au 30 avril 2021. Cette semaine est l’occasion d’une campagne annuelle qui offre aux partenaires l’occasion de se mobiliser pour lancer un appel en faveur de l’accès universel aux vaccins vitaux et mener une action plus concertée dans le domaine de la vaccination en Afrique. 

Dr Moeti s’est exprimée aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle animée par APO Group. Elle a été rejointe par Dr Austin Demby, ministre de la Santé et de l’Assainissement de la Sierra Leone. Étaient également présent pour répondre aux questions Dr Ambrose Talisuna, responsable du programme de Préparation aux situations d’urgence, Dr Phionah Atuhebwe, fonctionnaire technique pour l’introduction des vaccins, Dr Thierno Balde, chef de l’unité Partenariats opérationnels, et Dr Ado Bwaka, chef de l’unité Maladies évitables par la vaccination du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Source : Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique

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