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Opposition : Gbagbo et Affi N’guessan s’expliquent à distance

« Il faut apprendre à vivre  sans ceux qui sont là, aussi bien que ceux qui ne sont pas là», disait  Laurent Gbagbo, président du Parti Africain des Peuples-Côte d’Ivoire (PPA-CI), dans  l’hommage  rendu  à son ami et “frère” Aboudramane Sangaré (decédé).  Mais à y voir de près ce bout de phrase, qui a l’air d’un lapsus, est aussi une balle dans le jardin de son ex-premier ministre, Affi N’guessan (président légal du FPI)  mais aussi de Simone Gbagbo, son épouse légitime avec laquelle il n’est pas en odeur de sainteté. ” ll faut apprendre à vivre sans ceux qui sont là”.  C’était à l’occasion du Congrès constitutif de son nouveau parti, le PPA-CI, le 17 octobre 2021 à Palais de s Congrès de l’hôtel Ivoire à Abidjan-Cocody.

Il n’y a que ceux qui savent lire entre les lignes qui peuvent décrypter ce message en filigramme de l’ex-Président ivoirien à ses anciens camarades. Mais plus loin, dans ce discours, qui aura duré plus d’une heure, il précise sa pensée.

Partir mais pas partir

« Vous m’avez élu président de ce parti je vous remercie… nous allons reprendre notre chemin…Il y a des polémiques qui sont inutiles, ce n’est pas important de revenir sur les raisons qui ont milité à la création de ce parti. Nous avons eu des déboires dans le passé parce que j’ai quitté la tête du parti en 2001, comme le prévoyait la constitution mais il n’y a pas eu de préparation pour la passation du pouvoir et cela nous a conduit à la catastrophe. Des gens à qui on a mis des choses dans la tête, on leur a dit, que les oreilles pouvaient être plus grandes que la tête. Mais les oreilles n’arrivent jamais à être plus grandes que la tête, sinon tu es un monstre. Donc il faut préparer le retrait des aînés. Ce sont de choses qui se préparent. La structure du parti que j’ai voulu, que je vous ai présenté, c’est une structure pour préparer mon retrait. C’est une structure pour que demain je puisse m’en aller tranquillement dans mon village sans regret. C’est une structure pour que le parti puisse avoir l’œil sur celui qui le dirige. J’ai travaillé à cela, depuis ma libération à la Hayes, à Bruxelles et je continue toujours de travailler à cela. Comment partir demain sans causer de dommage à notre instrument de combat parce qu’il nous faut un instrument de combat et comment ne pas le briser comme nous l’avons fait pour la première fois ? C’est pourquoi, j’ai fait quelques aménagements dedans. Mes chers camarades, mon ambition est de partir mais pas de partir pour vous abandonner. Je serai toujours un militant de notre parti, un militant de base. Je n’ai plus besoin de démontrer que je peux diriger un pays, un Etat, j’ai déjà dirigé un pays, j’ai déjà dirigé un Etat.  A cet âge, la sagesse m’indique à partir mais j’ai décidé que je ne partirai pas brusquement parce que je l’ai fait une première fois et cela ne nous a pas réussi. Donc je partirai mais il faut que vous sachiez que je suis avec vous, toujours. Les combats qui sont à mener on les mènera toujours jusqu’à ce que mes yeux se ferment. Mais je ne laisserai jamais personne décidé de quand je vais partir », confie Laurent Gbagbo, amer. Sans le nommer, c’est un message à peine voilé que l’ex-Président-fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) a envoiyé à son ex-Premier ministre avec lequel il a rompu le cordon.

La réaction d’Affi N’guessan 

Comme la réponse du berger à la bergère, la réponse du président du FPI, Affi N’guessan, ne s’est pas fait attendre, il a réagi sur TV5, le 18 octobre 2021.  « Le FPI est un parti internationaliste; cela est inscrit dans nos statuts. Mais, il est avant tout le parti des Ivoiriens. Nous travaillons d’abord pour résoudre les problèmes des Ivoiriens avant même d’envisager à aller à une intégration ouest-africaine et africaine.” Avant d’ajouter que « la rupture (avec Laurent Gbagbo) est consommée depuis le 9 août 2021. « La page est tournée, nous préparons 2025. Je serai candidat à la candidature et nous affronterons tous les partis qui sont en face de nous  (y compris celui de Laurent Gbagbo), nous n’avons aucun complexe vis-à-vis de qui que ce soit. Il y a des plateformes qui sont en train de se mettre en place, nous regardons et nous analysons, le moment venu nous saurons nous positionner. Nous avons un congrès le 9 novembre prochain pour appeler nos militants à la mobilisation et aussi pour redéfinir une ligne idéologique claire », a-t-il soutenu.  Le vin est tiré….

 

 

 

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