Litige foncier en pays Atchan : l’expert foncier Guidy Édouard met en lumière les origines des tensions

La question foncière reste un enjeu brûlant en Côte d’Ivoire, alimentant tensions et contentieux dans plusieurs localités. Le vendredi 7 mars 2025, une conférence de presse s’est tenue à la Riviera Palmeraie, animée par M. Guidy Édouard, expert en foncier, et M. Grah Taussiagnon, président de l’ONG Jury International. Placée sous le thème « Origines historiques du litige foncier à Abatta, Akandjé et Abouabou : stratégies de résolution et recommandations », cette rencontre a permis d’examiner les causes profondes des conflits et d’appeler à une intervention urgente des autorités.
Le village d’Akandjé se retrouve aujourd’hui au centre d’un conflit foncier complexe. Selon M. Guidy Édouard, plusieurs zones, dont Djorogobité 1 et 2 ainsi que le lotissement de Bessikoi, seraient installées sur des terres historiquement reconnues comme appartenant à Akandjé. L’expert foncier s’appuie sur des documents datant de 1930, qui attestent que 1 840 hectares de terres relèvent de ce village.
« La parcelle de la Palmeraie couvre une superficie de 1 840 hectares 40 ares 00 centiares (18 404 000 m²). Un procès-verbal établi le 17 avril 1930 atteste qu’elle est la propriété du village d’Akandjé. C’est sur cette parcelle qu’Abobo Baoulé a installé deux campements, Djorogobité 1 et 2, qui, après avoir reçu des arrêtés de nomination de chefs de village, ont acquis le statut de villages officiels. Pour leur attribution territoriale, ce sont 800 hectares d’Akandjé qui ont été cédés, soit 400 hectares pour chaque campement. À cela s’ajoute le lotissement de Bessikoi, dont seule la mairie d’Abobo Baoulé peut fournir la superficie exacte», a expliqué M. Guidy Édouard.
Dahlia Fleur : un patrimoine en péril à Abatta
À Abatta, un autre litige foncier suscite des tensions : celui du domaine de Dahlia Fleur, d’une superficie de 199 hectares. D’après M. Guidy Édouard, ce terrain a été réquisitionné par l’administration coloniale française en 1900, avant de faire l’objet d’un titre foncier en 1916. Après l’indépendance, il a continué d’être exploité sous bail, notamment par un Italien du nom d’Italo Babertta.
« Cela fait 124 ans que le village d’Abatta est privé du droit de jouissance sur ces terres. Aujourd’hui, non seulement ces 199 hectares n’ont pas été restitués, mais nous constatons qu’ils sont en train d’être morcelés et titrés au nom de particuliers qui n’ont aucun droit supérieur à celui du village. Or, avant de transformer un domaine en réserve ou de le redistribuer, une indemnisation préalable et équitable est obligatoire », a-t-il dénoncé.
Abouabou : l’épineuse question des terres de l’aéroport
La situation est tout aussi préoccupante à Abouabou, où 4 500 à 5 000 hectares de terres ont été affectés à la construction de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny.
« Ces terres appartiennent historiquement au village d’Abouabou. Pourtant, aucune indemnisation n’a été accordée aux populations locales. Toutes les tentatives entreprises pour obtenir réparation ont échoué », a affirmé M. Guidy Édouard.
Un appel aux autorités pour une issue durable
Face à ces nombreux contentieux, les experts ont plaidé pour une action immédiate des autorités compétentes. Ils appellent notamment le chef de l’État à s’impliquer personnellement afin d’éviter que ces tensions ne dégénèrent en conflits plus graves.
Alors que les conflits fonciers continuent de se multiplier en Côte d’Ivoire, cette conférence de presse a mis en lumière des cas emblématiques qui nécessitent des solutions concrètes et durables.