Financement des PME : la SFI noue 4 partenariats stratégiques avec des banques ivoiriennes

Plus de 90% des entreprises en Côte d’Ivoire sont des PME, elles emploient une grande partie de la population active et contribuent à hauteur de 20% au PIB’. Malgré cette importance capitale, les PME ivoiriennes font face à des défis structurels majeurs, notamment l’accès au financement. C’est pour apporter des réponses à cette problématique des PME que l’International Finance Corporation (IFC) ou Société financière internationale (SFI) a noué, le 11 mars 2025, à Abidjan-Plateau une convention de partenariat avec 4 institutions financières majeures opérant au niveau national à travers un mécanisme de partage des risques (MPR).
De nouveaux partenariats
Il s’agit des facilités bancaires de 40 millions de dollars (soit 24 milliards FCFA) pour Bridge Bank pour garantir les prêts aux PME, un partage de risque de 26 millions de dollars (soit 15 milliards de francs Cfa avec la Société générale, de même que la SIB et d’une facilité renouvelée pour la troisième fois d’un montant de 10 millions de dollar (soit 6 milliards de francs CFA). Avec Ecobank, il ne s’agît pas d’un accord de prêt mais de célébrer la clôture anticipée de ses souscriptions sur le marché financier d’une valeur de 11 milliards FCFA au lieu de 10 milliards FCFA auxquelles la SFI est partie prenante en vue de soutenir uniquement les PME féminines. La Clôture prévue le 17 mars a été bouclée plutôt que prévue depuis le 5 mars 2025).
« L’accès aux financements est un frein pour 25% des entreprises de Côte d’Ivoire. Le déficit de croissance des PME est estimé à plus de 1400 milliards FCFA, ce qui freine la croissance et la compétitivité des PME. Face à ce défi, il est impératif de renforcer les partenariats et de retrouver l’innovation pour améliorer l’avenir des PME », a indiqué Sérgio Pimenta, Vice-président Afrique de la SFI, qui a effectué une visite de 3 jours, du 9 au 11 mars 2025) en Côte d’Ivoire.
Selon lui, les PME ivoiriennes sont au cœur de la stratégie de la SFI et témoigne de son ambition de soutenir le secteur privé en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’ouest. « Nous nous focalisons sur l’accès au financement durable des PME. C’est en ce sens que nous nouons des partenariats clés avec des acteurs clés du tissu économique. A savoir les banques, les institutions de microfinances, qui sont essentielles au développement économique du pays. Ces nouveaux partenariats permettent à IFC de renforcer son impact sur l’écosystème des PME en Côte d’Ivoire »,
Le programme de l’IFC (membre de la Banque mondiale axé sur le secteur privé) en Côte d’Ivoire constitue son plus grand portefeuille dans la zone UEMOA et l’un des plus importants en Afrique. Fin janvier 2025, le portefeuille total de l’IFC s’élevait à 761 millions de dollars, axé sur le logement abordable, les chaînes de valeur agricoles, les infrastructures (y compris numériques), le développement des marchés financiers, la santé, les industries créatives et l’accès au financement des PME
Les Défis
Pour Fanta Coulibaly, directrice de cabinet, représentant le ministre des Finances et du budget, les PME font face à de nombreux défis. « L’absence de crédit bancaire du fait des garanties exigées, le taux d’intérêt élevé (ce qui ne facilite pas le remboursement des crédits). A cela s’ajoute la faible diversification des sources de financement », a-t-elle soutenu.
Avant d’ajouter que « 90% des PME reposent sur le secteur bancaire alors que des alternatives de financement comme le capital investissement reste sous-exploité, l’absence de marché financier dynamique pour les PME, ce qui limite les opportunités de levée de fonds. L’autre facteur est la structuration limitée des PME (beaucoup d’entrepreneurs ne maitrisent pas les exigences des banques et les codes en matière de gestion financière et de gouvernance, absence de comptabilité structurée et transparente pour favoriser leurs attractivités auprès des investisseurs ; Cette activité s’inscrit dans la dynamique de concertation des axes majeurs du secteur privé.
C’est pourquoi, dira-t-il, tous les acteurs de l’écosystème ont un rôle clé à jouer à divers niveaux afin de lever les obstacles au financement des PME. Cela suppose une mobilisation collective afin de permettre au secteur privé de jouer son rôle de moteur de la croissance économique. Autant dire que l’Etat, le secteur privé et les institutions financières doivent unir leurs efforts pour construire un environnement propice au financement des PME.
C’est justement dans ce cadre que le GUCE-PME a été créé et en ensemble de dispositifs facilitant l’accès de la commande publique dont la taxe de l’entreprenant qui permet aux PME De supporter un niveau de taxe convenant à leur activité, avec 30% des marchés publics offerts aux PME, ainsi que d’autres instruments financiers permettant le financement du GUCE-PME, notamment le crédit-bail qui permet de financer l’outil de production et l’Affacturage pour garantir la trésorerie nécessaire à leur activité , de même qu’une stratégie d’inclusion financière visant à renforcer l’éducation des PME et des populations.
Pour Fanta Coulibaly, les Banques et les institutions financières ont un rôle important à jouer dans cette transformation pour l’accès au financement des PME. Elles doivent adapter leurs produits et services aux réalités des entrepreneurs et développer des financements adaptés aux réalités des PME avec des taux d’intérêts plus compétitifs en proposant des solutions qui pourront répondre aux besoins spécifiques des PME et alléger leurs charges financières.
Simplifier les procédures de financements
« Les institutions financières également doivent simplifier les procédures d’octroi au crédit en termes de délai de traitement et d’assoupissement des besoins de garanti et surtout en mettant en place des mécanismes innovant qui passent par le capital investissement et du financement participatif ainsi que par le développement de plateforme numérique facilitant la mise en relation rapide entre les PME et les investisseurs.
Du rôle des PME
A en croire Mme Coulibaly, les PME ont également un rôle à jouer dans l’amélioration de leur accès au financement. A cet effet, il est important pour les PME de renforcer leur gouvernance et leur gestion financière par l’adoption de pratique rigoureuse et transparente garantissant une rentabilité claire et certifiée car une gestion bien structurée est un gage de confiance pour les banques et les investisseurs qui pourront facilement évaluer leur potentiel et les risques. « Elles doivent œuvrer à développer des compétences sur les techniques de gestion et les stratégies financières en tirant des formations et de l’accompagnement proposé par les incubateurs, les partenaires techniques et financiers et par d’autres structures d’appui pour mieux répondre aux exigences des investisseurs et booster leur compétitivité », dira la représentante du ministre des Finances et du Budget.
Il est donc du devoir de tous les acteurs de lever les barrières et de favoriser l’innovation financière en donnant aux PME les moyens de croître et d’innover.
« C’est en cela que le gouvernement, les institutions financières et les entrepreneurs doivent continuer de travailler en synergie pour créer un écosystème plus inclusif, dynamique et favorable aux investissements au développement des PME », a-t-elle soutenu.
C’est à juste titre qu’elle a salué cette initiative de la SFI, visant à réfléchir sur la problématique de financement qui a pour ambition de faire des PME de véritables leviers de financement de l’économie. Aussi, a-t-elle exprimé sa reconnaissance à la SFI pour ses appuis multiformes, visant à soutenir la politique de développement du secteur privé, axe majeur de l’action gouvernementale.
Le Ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba, se réjouit de cette initiative qui vise à booster la croissance en Côte d’Ivoire à travers des solutions innovantes.
Avant de rappeler que le gouvernement a pris un certain nombre de réforme contenues dans le PND 2021-2025, ce qui a permis aux PME de connaître une croissance de 20% et une contribution de 12% au PIB, notamment Guce-Pme Côte d’Ivoire PME, la société de garantie des PME, etc.
34, 9% de marchés publics accordés en 2024
« 14 156 PME accompagnées en 2024 en termes d’accompagnement technique et 1534 PME, au titre des financements, un quota accordé au titre la commande publique. En 2024, ce sont 4165 marchés publics contre 3130 en 2023 soit un total de 34, 9% de marchés publics accordés en 2024. A cela s’ajoute l’initiative Boost capital d’une valeur d’un milliard FCFA en 2023 », a-t-il rappelé.
Avant d’ajouter que le déficit de financement qui est passé de 3574 milliards FCFA à 10222 milliards FCFA de 2016 à 2024 soit une croissance annuelle de 12% (11% en 2024) ; En 2024, le besoin de financement est couvert à plus de 30% soit 6815 milliards de FCFA dans le système bancaire.
Souleymane Diarrassouba se félicite du soutien constant apporté par la SFI, à la Côte d’ivoire mais surtout à travers cette nouvelle initiative en termes de mécanisme de partage des risques qui offre un cadre privilégié de financement et de renforcement de collaboration entre les différents acteurs de l’écosystème.
Les différentes options de financement
Selon lui, plusieurs options s’offrent aux entrepreneurs, l’affacturage, le crédit-bail, la finance islamique, pour donner une autre alternative de financement même si le financement bancaire reste prégnant autour de 90% ;
C’est pourquoi, dira-t-il, les efforts doivent se poursuivre afin d’avoir un marché financier qui propose des produits innovants aux entreprises locales et pour que les financements proposés par les partenaires techniques soient effectivement utilisés par les PME. Car la Côte d’Ivoire veut avoir un secteur privé innovant ou émergent des champions nationaux, condition sine qua non pour avoir une Côte d’Ivoire prospère et solidaire.
C’est dans cette optique que le gouvernement a adopté la loi relative aux politiques de financement des PME pour poursuivre la croissance des PME et favorable à la création des PME. « Ce qui va permettre de capitaliser l’accès au financement et accélérer sa marche vers le développement grâce à des PME plus performantes et plus fortes qui pourront développer leurs activités et anticiper la richesse nationale. Cet évènement marque le début d’une plateforme de collaboration qui va se structurer pour être une force de proposition des solutions de financement pour booster la croissance des PME.
La SFI est une institution du Consortium de la Banque mondiale axé sur le secteur privé. Le programme de l’IFC en Côte d’Ivoire constitue son plus grand portefeuille dans la zone UEMOA et l’un des plus importants en Afrique. Fin janvier 2025, le portefeuille total de l’IFC s’élevait à 761 millions de dollars, axé sur le logement abordable, les chaînes de valeur agricoles, les infrastructures (y compris numériques), le développement des marchés financiers, la santé, les industries créatives et l’accès au financement des PME.
Eugène YAO