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Le manque de vaccins accroît le risque de résurgence de la COVID-19

Brazzaville, 6 mai 2021 — Du fait du report de la livraison des doses de vaccin contre la COVID-19 fabriquées par le Serum Institute of India à l’attention de l’Afrique, ainsi que de la lenteur du déploiement des vaccins et de l’apparition de nouveaux variants, le risque d’une nouvelle vague d’infections reste élevé en Afrique.

Les retards d’approvisionnement et les pénuries de vaccins contraignent les pays africains à accuser davantage de retard par rapport au reste du monde en ce qui concerne la vaccination contre la COVID-19. Désormais, le continent africain ne représente plus que 1 % des doses de vaccin administrées dans le monde, contre 2 % il y a quelques semaines.

Certains pays africains ont été exemplaires en matière de déploiement des vaccins contre la COVID-19. Malgré cela, près la moitié (19 millions) des 37 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 reçues en Afrique ont été administrées jusqu’à présent, selon les rapports provenant de ces pays.

Les premières livraisons à 41 pays africains par le canal du COVAX ont été échelonnées depuis début mars, mais neuf pays ont administré moins d’un quart des doses qu’ils ont reçues et 15 pays ont administré moins de la moitié de leurs doses. Huit pays ont désormais utilisé toutes leurs doses de vaccin reçues par le canal du COVAX.

« Si nous en appelons à l’équité en matière de vaccins, l’Afrique doit aussi se retrousser les manches et tirer le meilleur parti de ce que nous avons. Nous devons utiliser toutes les doses dont nous disposons pour vacciner des gens », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique. « C’est une course contre la montre et contre le virus. Compte tenu de l’offre limitée de vaccins, nous recommandons aux pays de donner la priorité à l’administration de la première dose à un maximum de personnes à haut risque, dans les plus brefs délais. »

D’après la modélisation, l’administration d’une seule dose de vaccin à un plus grand nombre de personnes dans les groupes de population les plus prioritaires réduira considérablement les taux de mortalité, par rapport à la vaccination de la moitié de ces personnes avec deux doses de vaccin.

La couverture vaccinale est plus faible en Afrique que dans toutes les autres régions du monde. Alors qu’à l’échelle mondiale, 150 doses de vaccin contre la COVID-19 ont été administrées par millier de personnes, en Afrique subsaharienne, nous en sommes à peine à 8 doses de vaccin pour 1000 personnes. La faible couverture vaccinale expose les pays africains à un risque accru de recrudescence massive des cas.

La levée des brevets sur les vaccins « pourrait changer la donne »

L’Afrique du Sud et l’Inde sont à la pointe des efforts visant à amener l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à lever temporairement la protection que les brevets confèrent aux médicaments et aux vaccins contre la COVID-19. Les États-Unis sont aussi favorables à une levée des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre la COVID-19.

« Cette suspension des brevets pourrait changer la donne pour l’Afrique, débloquer des millions de doses supplémentaires et sauver d’innombrables vies. Nous saluons le leadership dont ces pays ont fait preuve et exhortons les autres à les soutenir à l’OMC, y compris pour des produits thérapeutiques qui sauvent des vies. Nous espérons que les négociations aboutiront rapidement afin que nous puissions accélérer la fabrication et le déploiement de vaccins sûrs et efficaces. En effet, aucun pays n’est en sécurité tant que tous les autres pays ne sont pas en sécurité », a déclaré Dr Moeti.

Le Mécanisme COVAX et l’OMS étudient toutes les options qui permettraient d’atténuer l’impact de la pénurie mondiale de vaccins, notamment en soutenant la réallocation des doses excédentaires, en renforçant la fabrication et en encourageant les fournisseurs ayant une capacité supplémentaire à soutenir le COVAX et à lui donner la priorité.

L’OMS apporte son assistance aux États Membres africains dans les efforts qu’ils fournissent pour introduire les vaccins contre la COVID-19, par la préparation, la coordination, la formation des professionnels de santé, la mise à disposition d’orientations stratégiques et techniques et par l’aide à la communication pour stimuler l’adoption des vaccins.

Nouveaux variants et risque de résurgence

De nouveaux variants exposent le continent au risque d’une troisième vague de COVID-19. Le variant B.1.617, détecté pour la première fois en Inde, a été signalé dans au moins un pays africain. Par ailleurs, la souche B1.351, découverte pour la première fois en Afrique du Sud, se propage dans 23 pays africains et la souche B1.1.7, découverte pour la première fois au Royaume-Uni, est présent dans 20 pays.

Avec la circulation de ces nouveaux variants, couplée aux faibles niveaux de vaccination, ainsi qu’à la lassitude de la population vis-à-vis des mesures barrières et à l’assouplissement des restrictions, les conditions semblent réunies pour une résurgence de la pandémie.

« La tragédie en Inde ne doit pas se produire ici en Afrique, et nous devons tous rester en état d’alerte maximale. Les gouvernements doivent veiller à préserver la solidité des systèmes de surveillance et de détection, réévaluer et renforcer leurs capacités de traitement et intensifier l’approvisionnement en médicaments essentiels, dont l’oxygène médical, pour le traitement des patients touchés par une forme grave de la maladie », a souligné Dr Moeti.

État de préparation de l’Afrique

Les capacités se sont améliorées au cours de l’année écoulée, mais le nombre de lits d’hôpitaux capables de fournir de l’oxygène reste limité dans la majorité des pays, tout comme les approvisionnements en oxygène. Alors que la plupart des pays à revenu élevé du monde ont au moins deux lits de soins intensifs pour 100 000 personnes, seuls neuf pays de la Région africaine disposent d’une telle capacité de lits de soins intensifs.

L’OMS apporte un soutien aux pays pour qu’ils accroissent leur approvisionnement en oxygène. L’Organisation fournit à cet effet une assistance technique aux pays à haut risque pour la construction d’unités de production d’oxygène, et elle a déjà livré plus de 3500 concentrateurs d’oxygène à des pays. L’OMS collabore avec des associations professionnelles de médecins et d’infirmiers sur le continent pour améliorer la formation en soins critiques dans les États Membres.

En Afrique, près de 4,6 millions de cas de COVID-19 ont été recensés et 123 000 personnes ont perdu la vie à cause de cette maladie. Au cours des deux dernières semaines, on a assisté à une légère diminution du nombre de cas alors que la situation était restée stable pendant six semaines. Cela dit, le nombre de cas est en hausse dans neuf pays, notamment en Angola, à Cabo Verde, au Cameroun et en Érythrée.

Dr Moeti s’est exprimée aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle animée par APO Group. Elle a été rejointe par Thabani Maphosa, directeur général des programmes pays de Gavi l’Alliance du vaccin. Étaient également présents pour répondre aux questions des journalistes, Dr Richard Mihigo, coordonnateur du programme Vaccination et mise au point des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, et Dr Ngoy Nsenga, gestionnaire des incidents COVID-19 au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Source : Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique

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