Serge Trigano, pionnier dans l’hôtellerie moderne : «l’IA ne saura pas remplacer l’accueil ou la gentillesse d’un regard»

« L’intelligence artificielle (IA) ne va pas remplacer les métiers de l’hôtellerie et du tourisme. L’IA ne remplacera pas le sourire d’un homme ou d’une femme qui vous accueille, ni la gentillesse d’un regard, l’IA ne saura pas faire ça », a déclaré Serge Trigano, le fondateur des hôtels Mama Shelter (une chaîne hôtelière mondiale), caractérisés par leurs architectures singulières.
C’était à l’occasion de la 5ème édition de la Conférence internationale du Tourisme et hôtellerie en Afrique (CITHA), qui a eu lieu à Abidjan, du 18 au 19 février 2025, à Abidjan-Plateau.
Lancé en 2008, le groupe Mama Shelter avec 18 réceptacles hôteliers, aujourd’hui fait partie du grand groupe Accor. “Mama signifie Maman (l’affection) et Shelter (l’abri, ouvert à tout le monde). Mama Shelter : l’abri de maman”, explique Serge Trigano.
Malgré l’essor fulgurant de l’IA, l’ancien chef du village du club d’Assinie se veut optimiste.
« J’ai 78 ans, j’ai fait toute ma vie dans l’hôtellerie dans le club et je crois que ce sont des métiers formidables, pleins d’avenir », dira-t-il.
Il reconnaît, toutefois, que l’IA va supprimer les métiers de backoffice parfois ennuyeux afin de les rendre encore plus nobles au contact de la clientèle mais rendra encore plus nobles les métiers de contact de la clientèle.
Justifiant sa vision, Serge Trigano explique que « même quand il y a des crises, les gens rangent leurs dépenses d’habillement et et parfois même de restaurations mais jamais les voyages›.
Mieux, dira -t-il, le monde évolue et la nouvelle classe moyenne qui arrive n’a pas envie de voyager; mais privilégie le tourisme domestique : aller au Bord de la mer, ou en banlieue. Autant dire que le tourisme va continuer de vivre et se développer car le besoin est là, qu’il soit interne ou pas.
Selon le conférencier, Mama Shelter est fait non pas seulement pour dormir. “Ce n’est pas non plus un Ibis Style, c’est un peu plus profond que ça”, explique-t-il.
Il souligne toutefois que le domaine du tourisme a besoin de régulation pour mettre fin aux excès de cette industrie encore jeune. « Demain, les avions deviendrons moins polluants et puis on ira vers un tourisme de proximité mais l’industrie du tourisme va continuer à s’accroître et s’embellir surtout pour l’Afrique qui représente 18% de la population mondiale, mais à peine 5 à 6% des entrées du tourisme dans le monde et si on retire l’Afrique du Nord, notamment l’Égypte et le Maroc, l’Afrique subsaharienne, ce sont des chiffres ridicules », a-t-il dit
Pour l’homme d’affaires français, l’un des pionniers de l’hôtellerie en Côte d’ Ivoire, “le tourisme, c’est 8 à 12% des emplois dans le monde, 5 à 6% des emplois en Afrique. Ce continent constitue un important potentiel avec des atouts énormes: des belles plages, un beau paysage, des histoires, de grandes villes comme Dakar, Abidjan, Nairobi”
Aussi, a-t-il annoncé qu’un Mama s’ouvre cette année à Cape-Town (Afrique du Sud), il y a également des projets a Casablanca (Maroc), à Tunis (Tunisie) et au Ghana».
Mais pour l’expert, pour créer un tourisme durable en Afrique, où se trouve d’ailleurs l’avenir du tourisme, “il faut créer un environnement favorable (environnement sécuritaire et environnement des affaires), il faut une réelle volonté politique pour faire du tourisme une vraie priorité”, a-t-il soutenu.
Ey