Sécurité : un cargo transportant des produits potentiellement explosifs au port d’Abidjan? Les autorités ivoiriennes interpellées

Dans une publication intitulée « Est-ce que le Président de la République de Côte d’Ivoire est au courant de ceci ? », un analyste-bloggeur, Jean Christian Konan, a lancé, le samedi 4 janvier 2025, une alerte relative à la présence au port d’Abidjan d’un cargo dénommé Zimrida, qui transporte des produits potentiellement dangereux.
Ce navire, battant pavillon de la Barbade, « transporterait une cargaison de près de 20 000 tonnes d’engrais à base de nitrate d’ammonium, également qualifiée de ‘’bombe flottante’’ par de nombreux médias occidentaux spécialisés ».
Voir aussi : Bombe flottante : cargo cherche port d’accueil
Car, en effet, la cargaison de produits potentiellement explosifs, a été repoussée de plusieurs ports, notamment européens. Cette cargaison a été à l’origine chargée en Russie, précisément à Kandalaksha, par un navire dénommé Ruby, battant pavillon maltais.
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Ci-dessous, l’intégralité du texte de l’alerte aux autorités ivoiriennes.
EST-CE QUE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE EST AU COURANT DE CECI ?
Veille stratégique et informationnelle: Une cargaison de près de 20 000 tonnes d’engrais à base de nitrate d’ammonium, également qualifiée de « bombe flottante » par de nombreux médias occidentaux spécialisés, est actuellement au mouillage, c’est-à-dire en attente de pouvoir accoster au poste à quai N°5 du port autonome d’Abidjan. Les autorités de la Côte d’Ivoire vont-t-elles autoriser l’entrée effective de ce navire jusqu’aux quais ?
Voici les faits :
Depuis des semaines un de nos consultants séniors suit ce navire, convaincu qu’il allait finalement atterrir discrètement en Afrique. C’est chose faite, ce navire est au port d’Abidjan. L’engrais, transporté par le cargo Zimrida battant pavillon de la Barbade, est arrivé à Abidjan plus tôt cette semaine (voir illustration et tracking).
La cargaison avait été transportée à l’origine par le navire battant pavillon maltais Ruby, qui a attiré l’attention du monde entier en raison de son état dangereux et de sa cargaison extrêmement explosive. La quantité d’engrais utilisée était sept fois supérieure à celle utilisée lors de l’explosion de Beyrouth en 2020, qui avait tué plus de 200 personnes et en avait blessé des milliers.
Le Ruby a chargé l’engrais à Kandalaksha, en Russie (voir illustration), en août 2024 et est parti pour le Brésil. C’est la partie la plus importante donc on va l’isoler :
« Charger l’engrais à Kandalaksha, en Russie, pour le Brésil ».
En conclusion on y reviendra. Cependant, une violente tempête a endommagé la coque, l’hélice et le gouvernail du navire. Le navire a cherché refuge à Tromsø, en Norvège, début septembre, mais les autorités s’inquiétaient de la proximité du navire avec une université et un hôpital et lui ont ordonné de se déplacer en mer.
Bien que Malte et la société de classification du navire, DNV, aient déclaré le navire apte au transport, ils ont annoncé qu’il avait besoin de réparations immédiates. Les autorités locales lituaniennes ont par la suite refusé l’entrée du navire en raison de risques pour la sécurité et d’autres pays comme le Danemark et la Suède ont également refusé l’entrée du navire.
Après s’être vu refuser l’entrée dans plusieurs ports, le Ruby a dû se dérouter vers un mouillage au large de l’Angleterre. Fin octobre, le port de Great Yarmouth a accepté de transférer la cargaison d’engrais sur un autre navire, le Zimrida. Cette décision a provoqué une vague d’indignation politique et publique. Les autorités locales ont exprimé leurs inquiétudes quant à la sécurité après avoir découvert qu’environ 300 tonnes d’engrais avaient été contaminées par une fuite de carburant.
Il a été alors question d’évacuer certaines parties de la ville.
L’engrais contaminé a finalement été déversé dans la mer du Nord dans le cadre d’une opération contrôlée. Les écologistes ont critiqué cette décision, mettant en garde contre les conséquences néfastes pour les écosystèmes marins. Le gouvernement britannique a défendu sa décision en affirmant que le nitrate d’ammonium se dissout dans l’eau de mer et ne persiste pas en tant que polluant.
La majeure partie de la cargaison a donc été transférée à bord du Zimrida à Great Yarmouth à la mi-décembre. Le navire a fait escale aux îles Canaries avant d’arriver à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en début de semaine. La cargaison d’engrais qui avait provoqué la panique en Norvège, en Lituanie, en Suède et en Angleterre, à cause de sa proximité de zones peuplées, s’apprête donc au port d’Abidjan. Maltes qui etait une option a accepté, selon BBC, a la seule condition que le navire arrive complètement vide.
Il a été révélé plus tard que la cargaison était stable et correctement emballée, mais les risques et les craintes ont augmenté lorsqu’une partie a été contaminée. A ce niveau deux questions simples mais essentielles se posent :
1/ En admettant que l’engrais contaminé ait été effectivement déversé dans la mer : pour quelle raison, le reste de la cargaison, censée être de bonne qualité, n’a pas continué sa route vers le Brésil comme prévu, mais se retrouve dans les eaux territoriales ivoiriennes, au mouillage, en attendant son déchargement ?
2/ Quelle entreprise a décidé de récupérer cet engrais, sans doute à très bas coût, que visiblement personne en Europe et en Amérique du Sud ne veut, et que même le Brésil, destinataire initial, n’a lui aussi, plus voulu accepter de recevoir ?
Nota : La position de ce navire indiquée sur la dernière illustration a été prise le 04/01/25 à 03:07 Abidjan local time.
#JCK