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Respect des droits humains en Côte d’Ivoire : Amnesty international déplore “un fossé profond” entre le vote des lois et “la réalité sur le terrain”

L’ONG de défense des droits de l’homme, Amnesty International, a publié ce mardi 29 avril 2025, son rapport 2024/2025 sur la situation des droits humains en Côte d’Ivoire, qui met en exergue la liberté d’expression et de manifester.

Dans son rapport 2024-2025, au niveau de la Côte d’Ivoire, Amnesty International met l’accent sur la liberté d’association, d’expression et de réunion pacifique, la torture et autres mauvais traitements, la justice, les réparations, les expulsions forcées, les droits des femmes, des filles et des enfants, ainsi que le droit à un environnement sain.

Le directeur exécutif d’Amnesty International Côte d’Ivoire, M. Hervé Delmas Kokou, a salué les efforts de l’État ivoirien en matière de droits humains, tout en appelant à plus de cohérence entre les textes adoptés et leur application sur le terrain.

« L’État légifère beaucoup, et c’est une bonne chose, mais pour que ces lois bénéficient réellement à la population, encore faut-il qu’elles soient effectivement appliquées et respectées », a déclaré M. Hervé Delmas Kokou.

Il a rappelé que la Côte d’Ivoire est le premier pays en Afrique à avoir adopté une loi spécifique en faveur des défenseurs des droits humains, avec un décret d’application en plus. Mais, a déploré le fait « qu’entre cette loi et la réalité sur le terrain, il y a un fossé, et ce fossé est profond ».

Liberté d’expression

Pour ce qui est de la liberté d’expression et de réunion, Hervé Kokou a relevé que certaines dispositions juridiques vont encore à l’encontre des normes internationales relatives aux droits humains, avec des peines d’emprisonnement pour des actes qui ne devraient même pas constituer des infractions.

Le rapport d’Amnesty souligne qu’en septembre 2024, la police ivoirienne a violemment réprimé une marche interdite par les autorités à Abidjan, procédant à l’arrestation d’une vingtaine de personnes, lors d’une manifestation du mouvement Agir pour le peuple qui dénonçait la cherté de la vie.

S’agissant de la liberté d’association, M. Kokou Hervé a relevé que, le 12 juin, le gouvernement a adopté une ordonnance encadrant les activités des organisations de la société civile, dans le but affiché de renforcer la lutte contre la criminalité transnationale organisée.

Selon le directeur exécutif de Amnesty Côte d’Ivoire, cette mesure a été vivement critiquée par plusieurs ONG ivoiriennes, qui redoutent d’ailleurs une ingérence des autorités dans leur gestion financière, ainsi qu’un contrôle accru de leurs activités.

Il a rappelé que dans ses observations finales publiées en août, le Comité de l’ONU contre la torture a salué l’adoption de la Loi n° 2024-358 du 11 juin 2024 modifiant le Code pénal, qui renforce les peines pour les actes de torture commis par des représentants de l’État ou toute autre personne.

Droits fondamentaux

Cependant, le Comité de l’ONU contre la torture s’est inquiété d’une disposition du Code de procédure pénale permettant aux juges de déclarer recevables, à titre de preuves, des éléments obtenus sous la contrainte ou par la torture.

Sur le droit relatif à la justice et à la réparation, M. Kokou a indiqué qu’en mars 2025, le Conseil d’État s’est déclaré incompétent pour statuer sur une requête déposée en 2019 par des organisations de défense des droits humains, qui demandaient l’abrogation de la loi d’amnistie de 2018.

La loi d’amnistie de 2018 a bénéficié à des centaines de personnes reconnues coupables d’infractions commises dans le contexte des violences postélectorales de 2011.

Par ailleurs, le rapport met en lumière des opérations de démolition qualifiées de « grande envergure », menées dans le cadre d’un plan d’assainissement du District autonome d’Abidjan visant à démolir 176 sites.

Lancées dès le mois de janvier, ces opérations ont touché plusieurs quartiers d’Abidjan, notamment Boribana, Gesco, Banco 1 et Abattoir, situés dans des zones jugées inondables, entraînant l’expulsion de milliers d’habitants.

Pour M. Kokou Hervé, ces familles n’ont pas été véritablement consultées sur les conditions de leur expulsion, ni suffisamment informées en amont. La majorité des ménages et des propriétaires n’a reçu ni indemnisation, ni proposition de relogement.

Il a dénoncé également « une recrudescence d’arrestations arbitraires en 2024 ». Cinq cas, selon lui, ont été recensés et les arrestations ont été menées dans des « conditions brutales » à leur domicile par des hommes encagoulés.

Au nombre de celles-ci, le cas de Kolebi Gala et, récemment, de l’enseignant Ghislain Assy Dugary en 2025 ont retenu leur attention, mentionne M. Kokou Hervé, qui souligne que ces personnes auraient simplement pu être « convoquées ».

Amnesty International a demandé à nouveau la « libération » de l’enseignant Ghislain Assy, considérant « qu’une personne ne peut être arrêtée pour ses idées. Les idées bâtissent le monde, elles doivent être protégées, pas réprimées ».

Source : APA

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