Côte d'IvoireDéveloppement

Lutte contre le changement climatique : une réduction de 13 millions de tonnes de carbone réalisée en 2024

En vue  de lutter contre les effets de la déforestation et de la dégradation des forêts, le gouvernement ivoirien s’est engagé, depuis 2011, dans le mécanisme international de réduction des émissions de gaz à effet résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts ( Redd+). Ainsi, entre 2015-2020 , avec le soutien des partenaires techniques et financiers, à savoir l’Agence française de développement ( AFD), les Agences des nations unies, l’Union européenne ( UE) et la Banque mondiale ( BM), la Côte d’ivoire a satisfait la quasi-totalité des critères de la phase  de préparation. Cette performance a abouti à l’adoption de la stratégie REDD+.
 En vue de mettre en oeuvre sa stratégie nationale REDD+ qui contribue à la politique “Zéro déforestation”, le gouvernement  a développé le  Programme de réduction des Émissions (PRE), qui a été approuvé en juin 2019 par les Bailleurs  du Fonds de partenariat pour le carbone forestier ( FCPF) de la Banque mondiale. Ce  programme cible, au sud- ouest du pays, la zone la plus boisée et qui abrite la seule forêt dense encore intacte en Côte d’Ivoire ( Le Parc national de T’ai) et le plus important puits de carbone du pays mais la plus soumise aussi à la déforestation et à la dégradation des forêts dues au développement de la Cacaoculture.
C’est dans ce contexte que se situe la 29ème édition des réunions du Fonds Carbone en partenariat  pour le Carbone Forestier ( FCPF) de la Côte d’ivoire qui a lieu du 26 au 31 janvier, à Abidjan ( Route de L’aéroport).
Plusieurs points seront abordés au cours de ce rendez vous , notamment le programme de l’évolution de la mise en oeuvre de la vérification, les bénéfices de la protection de la biodiversité, les programmes d’apprentissage de transfert de compétences,le plan de partage de bénéfices,le  partage d’expériences,des visites de terrain, etc.
Le  ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, Jacques Assahoré Konan, a rappelé que la couverture forestière de la Côte d’ivoire est passée d’environ 8 millions d’hectares dans les années 1980 à 3 millions d’hectares en 2015. Autant dire que la question du changement climatique est une réalité tangible. ” C’est pourquoi le gouvernement s’est résolument engagé en faveur de la transition écologique à travers plusieurs initiatives visant la préservation et la restauration de ses forêts. Lesquelles initiatives avaient pour objectif de recouvrir environ. 20% du couvert forestier ivoirien, lutter contre le changement climatique, contribuer au renforcement de l’adaptabilité des systèmes agricoles et améliorer le revenu et les conditions de vie des populations«, a-t-il dit
Selon lui, ces efforts conjugués  de la Côte d’ivoire et de ses partenaires ont permis au pays d’amorcer une reconquête progressive de son couvert forestier, notamment le programme d’investissement forestier ( PIF). Ce qui a permis de  jeter  les bases d’un cadre stratégique  renforçant les actions de préservation et de restauration forestière.
Le PIF a permis de réaliser des avancées structurantes dans la gestion des aires protégées, le développement de pratiques agricoles durables et la sensibilisation des communautés locales en matière de restauration, de protection et gestion durables des forêts.
Pour Jacques Assahoré,  ces acquis sont aujourd’hui capitalisés et amplifiés  par le Programme de réduction des émissions ( PRE).
” La 1ere phase de mise en oeuvre du PRE est effectuée dans le cadre d’un contrat d’achat des réduction démission de gaz à effet de serre conclu en 2020, avec le Fonds Carbone du partenariat pour le carbone forestier ( FCPF) de la banque mondiale  pour un projet  de paiement des réductions d’émissions autour du Parc national de T’ai  dans cinq régions du Sud-Ouest de la Côte d’ivoire  ( Cavaly, Gbôklé, Guémon, Nawa et San-Pedro). Ce programme qui est le 1er du genre en Côte d’Ivoire a permis au pays de faire des avancées significatives. Notamment, l’obtention d’un premier paiement carbone en juin 2024 d’une valeur de 35 millions de dollar US pour  réduction d’environ 7 millions de tonnes équivalent de CO2, au cours de la période 2020-2021, grâce à une réduction de la déforestation, à la conservation des forêts, au reboisement et à l’agroforesterie pour la période 2022-2024,, le rapport évoque 13 millions de tonnes de CO2 en attente certification. Ce qui porterait  le total d’émissions réduites à 20 millions de tonnes de C02, soit près du double du volume prévu dans les accords avec le FCPF de la Banque mondiale, la mise en place d’un processus rigoureux et inclusif de contrôle et de vérification, essentiel pour assurer un suivi prévu des réductions d’émissions.
En ce qui concerne le cadre légal et réglementaire, le dispositif pour l’accès au marché du carbone est prêt et favorable aux investissements du secteur privé et des partenaires au développement, un mécanisme transparent de partage des bénéfices validé à l’unanimité par toutes les parties prenantes garantissant une redistribution équitable et transparente des paiements carbone. D’ailleurs, la Côte d’ivoire a enregistré le démarrage du paiement des bénéficiaires de la première tranche depuis 2024. A terme, ce sont environ 12,5 milliards de FCFA qui seront redistribués aux petits producteurs et aux communautés locales.
Pour le ministre, ces paiements envoient un signal fort, ils représentent pour les structures techniques un appui financier important pour assurer la continuité des efforts en matière de gestion des forets  et du foncier  et pour les communautés, ils symbolisent la reconnaissance de leurs efforts pour la préservation et la restauration  du patrimoine forestier. Ils constituent une subvention qui va leur permettre de diversifier leurs sources de revenus tout en poursuivant activement leurs efforts de protection de l’environnement.
“la Côte d’ivoire pourrait devenir un exemple mondial en étant l’un des premiers pays à vendre des réductions d’émissions Redd+  de haute intégrité, fournissant ainsi un modèle de développement durable pour d’autres pays” , se rejouit-t-il .
C’est à juste titre qu’il a exprimé sa reconnaissance  au Fonds Carbone du partenariat pour le carbone forestier et la Banque mondiale pour leur soutien à la Côte d’ivoire, depuis la phase de préparation à la Redd+, qui a permis au pays de se positionner parmi les acteurs de 1er plan dans la lutte contre le changement. climatique
Pour Bamba Vassogbo, directeur de cabinet adjoint, représentant le ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, la Côte d’ivoire est prête à jouer pleinement  le rôle qui est le sien, en partenariat avec les partenaires techniques et financiers et ceux du secteur privé afin de relever ensemble le défi de la préservation de l’environnement pour le bien être des générations présentes et futures.
Il n’a pas manqué de rappeler  que pour atteindre son objectif de réduction de gaz à effet de serre de 30, 41% à l’horizon  en 2030, la Côte d’ivoire a signé son premier contrat d’achat de réductions d’émissions en 2020  autour du Parc national de Tai avec la Banque mondiale  pour un total de 10 millions de tonnes d’une valeur de 50 millions de dollars Us équivalent à 25 milliards FCFA destinées  à rétribuer les efforts consentis par les parties prenantes  mais pour la seule année 2020-2021, le pays  a réalisé une réduction de  7 millions  de tonnes équivalent à 35 millions de dollars us soit 21 milliards FCFA.
Il précise, toutefois, que ces  ressources ont permis de payer 45000 personnes principalement des agriculteurs dans le cadre d’un renforcement de capacités du personnel intervenant dans le projet.
Pour la période 2022-2024, les estimations prévoient une réduction de 13 millions de tonnes c’est a dire au delà des engagements contractuels avec la Banque mondiale faisant de la Côte d’ivoire un bon élève en la matière.Mieux dira-t-il,  les estimations indiquent que les crédits carbones pourraient rapporter à la Côte d’ivoire jusqu’à 2,5 milliards de dollars d’ici  2028 si les conditions du marché restent favorables.
Dans son  discours d’ouverture à cette réunion de haut niveau ,  Marie-Chantal Uwanyiligira, Directrice des Opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, a indiqué que c’est une tradition pour la Banque mondiale  de tenir  ce genre de réunion  dans tous les pays qui accueillent ce programme, dans la dynamisme de la lutte contre la pauvreté.
Selon elle,  le changement climatique est une réalité, en Côte d’Ivoire notamment, comme l’indique le récent rapport de la Banque mondiale ( juin 2024) sur cette problématique. Le rapport indique que si rien n’est fait  la Côte d’ivoire pourrait perdre 13% de son PIB d’ici 2050 et une part énorme de sa production de cacao dont elle est d’ailleurs le 1er producteur mondial.  Autant dire que ” la question de la protection de la forêt devient une question de vie ou de mort. Nous avons intérêt que ce programme marche car il donne l’occasion de changer de paradigme et constitue un appui à d’autres sources de financement dans ces pays”, a t’elle soutenu
Eugène YAO

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